2016-2017
Ce travail photographique déploie un univers vif, coloré, drôle. L’imagination y prend son essor sur les ailes de la fantaisie.
Thierry Vasseur s’appuie d’abord sur deux personnages savoureux : Pénélope, qui n’a rien d’une femme à attendre le retour de son Ulysse en brodant, et un aviateur en lequel elle se transforme avec ses lunettes et son harnachement cuir façon Saint-Exupéry. En contrepoint de ce double personnage, les véhicules de l’artiste Bertrand Dios, tous plus improbables les uns que les autres et faits à partir de bidons d’huile et autres objets de métal déclassés.
Quant aux paysages, ils sont issus des archives photographiques de Thierry Vasseur, accumulées au cours de ses nombreux voyages. A partir de quoi l’univers du photographe se déploie dans les contrastes : le passé et l’avenir, le rêve et la réalité, la nature et l’art, le vivant et le mécanique, l’enfance et la maturité, l’aventure et le quotidien.
Où est-on ? A quelle époque ? Avant ou après une catastrophe universelle ? Sont-ce les derniers feux d’une civilisation épuisée et délirante ? Ou bien sommes-nous dans une culture renaissant des décombres ? Paysages qui nous font entrer en contemplation, vieilles marques et réclames qui nous plongent en nostalgie, gigantesques poissons rouges nourris à la pelleteuse qui évoquent les anciens bestiaires enchantés, objets techniques d’un âge d’or…
… Quelques inquiétudes aussi… Des soldats de plastique en ordre de bataille… La guerre ? Oui, il y a ça et là des traces de guerre et de violence… mais le totem féminin veille. Tout est sauvé, réenchanté par Pénélope, par son érotisme tendre et drôle… Pénélope qui se dédouble et se multiplie, ange ambigu à souhait, féminine, androgyne ou mâle, toujours à croquer !
C’est la joie active, saine, revigorante, finement érotisée, qui triomphe des charmes paralysants du passé comme des ombres de l’avenir. Une joie qui souffle un vent de licence, qui vaut aussi pour les objets. Une joie qui, à travers l’inspiration des vieux comics américains, prête vie et sensualité même à un morceau de ferraille.
Le dernier secret de ces photographies ? Elles racontent chacune une histoire… non, des dizaines d’histoires… On y voit l’esquisse de futures planches d’images en innombrables récits, profonds et légers. Vasseur, on espère qu’il en est conscient, est un conteur d’histoires.
Jean-Pierre Maurel
